Depuis le début de 2023, PROMIS développe un service de soutien à l’entrepreneuriat pour les personnes issues de l’immigration. L’objectif de ce service est de contribuer à la réflexion et la préparation des personnes immigrantes en situation de prédémarrage d’une entreprise, en les aidant à comprendre les bases de cette vocation et de leur projet. C’est aussi un service d’aide pour référer ces personnes envers les autres services adéquats existants. Le besoin pour ce type de service s’est manifesté simplement, puisque plusieurs personnes immigrantes ayant participé à des sessions d’information sur la question à PROMIS s’interrogeaient sur la possibilité de se lancer en affaires comme solution à leur intégration professionnelle mais ne savaient pas par où commencer. De plus, une recherche de l'IRIPI a aussi confirmé ce besoin pour la population immigrante au sens large.

L’offre d’accompagnement pour les personnes immigrantes que développe PROMIS se matérialisera dans une série de cinq ateliers, un ensemble d’activités de réseautage avec divers partenaires et des suivis personnalisés du projet d’affaires. Sur le plan pratique, M. Osmani nous explique que la première séance portera spécifiquement sur la réalité de l’entrepreneuriat ainsi que de la situation particulière des affaires au Québec. Ce premier atelier d’introduction permettra aux participants d’évaluer leur propre situation entrepreneuriale et leurs capacités de succès. Les participants pourront déterminer s’ils sont prêts à poursuivre leur idée d’entreprise et se lancer dans cette aventure ou parfaire quelques connaissances ou compétences liées au projet. Par la suite, la deuxième séance s’attardera à la façon de bien positionner son entreprise dans le marché québécois et le l’établissement de la clientèle cible. La troisième séance, quant à elle, abordera les ressources nécessaires à l’entreprise, les concepts de gestion ainsi que les différentes formes juridiques des entreprises du Québec. Pour terminer, la quatrième séance traitera uniquement du plan d’affaires, pilier du succès entrepreneurial et de la crédibilité de l’entrepreneur. À la suite de ces quatre ateliers informatifs, les participants pourront vivre une cinquième séance axée sur la discussion et le réseautage, dans laquelle ils rencontreront des entrepreneurs immigrants en activité et auront la possibilité d’échanger entre eux sur leurs propres projets d’entreprises.

M. Osmani considère qu’il est important de créer des occasions de partages entre entrepreneurs afin de créer une communauté d’échange pour ceux-ci, menant à bien le succès économique social et personnel. Il est démontré que la voie vers le succès entrepreneurial est un parcours où les entrepreneurs se sentent souvent isolés, ce qui est encore plus véridique pour ceux issus de l’immigration. Tout au long de l’année, diverses activités de réseautage aux thématiques liées à l’entrepreneuriat et le succès d’entrepreneurial seront offert par PROMIS en collaboration avec des partenaires pertinents, tel les chambres de commerce de la diversité ainsi que différentes organisations accompagnant les entrepreneurs lors des phases ultérieures de développement d’une entreprise. PROMIS offrira aussi un service de suivi personnalisé, sous forme de rencontres individuelles, afin de s’assurer que les entrepreneurs immigrants puissent combler ou maximiser leurs connaissances et compétences, tant personnelles et professionnelles, et atteindre ainsi leur plein potentiel entrepreneurial. PROMIS travaille en collaboration avec de multiples partenaires locaux et régionaux, tant en création et développement d’entreprise, en support financier ou en réseaux d’affaires.

Nous lui avons demandé, à partir de son expérience personnelle, quelles étaient les différences entre l’accompagnement d’un entrepreneur issu de l’immigration et celui destiné à un natif. Il nous a répondu qu’il n’y a pas réellement de différence dans le processus d’accompagnement entrepreneurial des deux projets, puisqu’une idée d’entreprise valable et viable peut provenir de n’importe quel individu de la société, qu’il soit immigrant ou non. La plus importante différence, c’est l’évaluation des capacités et connaissances personnelles, professionnelles et sociales de l’entrepreneur. Elles lui seront nécessaires pour mener à bien le projet d’entreprise. Avec cela en tête, l’intervenant doit considérer que la situation d’immigration peut amener une certaine discrimination ou une appréhension de vivre une éventuelle discrimination dans le développement de son projet d’entreprise. En effet, de façon générale dans la population, un expatrié sera davantage associé à certains stéréotypes ou préjugés en fonction de son pays de provenance.

Par exemple, M. Osmani nous explique qu’il n’est pas rare que la population québécoise ait l’impression que les personnes immigrantes ne possèdent pas les ressources nécessaires, soit financières, académiques ou relationnelles, pour mener à bien un projet entrepreneurial, La population québécoise associe souvent l’immigration aux statuts de réfugiés, de personnes reçues sous motifs humanitaires, de demandeurs d’asile ou simplement de gens ayant fui leur pays et arrivant ici sans ressources financières, matérielles, familiales ou professionnelles. Ceci ne représente pas la réalité actuelle de l’immigration et les capacités entrepreneuriales des communautés immigrantes. Selon lui, il est certain qu’un entrepreneur issu de l’immigration devra surmonter trois principaux enjeux primaires et fondamentaux que les natifs n’auront pas : la barrière linguistique, la reconnaissance professionnelle ainsi que la capacité à emprunter auprès des institutions financières locales.

Pour M. Osmani, les entrepreneurs partagent une capacité commune : la prise de risques calculés. Cette caractéristique personnelle est d’autant plus présente chez les personnes qui décident de quitter leur pays d’origine pour immigrer dans une autre société. Pour mitiger au maximum les risques associés à leur situation d’immigration, M. Osmani suggère de porter une attention particulière à la cohérence du projet d’entreprise et du profil de l’entrepreneur. Il sera aussi important de conscientiser l’entrepreneur immigrant aux façons de faire spécifiques au Québec, notamment en ce qui concerne les normes gouvernementales ou professionnelles, les règles de santé et sécurité au travail et la connaissance du marché local. Il faudra aussi aider l’entrepreneur immigrant à identifier les limites de son projet d’entreprise ainsi que les angles morts sur ses perceptions quant à la faisabilité de son idée. M. Osmani nous explique que bien souvent les personnes immigrantes qui se lancent en affaires ne mesurent pas nécessairement l’écart entre ce qu’ils ont en tête, quant au processus de lancement d’entreprise, et la réalité qu’ils vivront. Il se peut par exemple que ceux-ci aient des idées préconçues, provenant de leur pays d’origine, sur les façons de faire locales. Il sera donc essentiel de les aider à recadrer cette perception sur la réalité provinciale, régionale ou locale. D’un autre côté, M. Osmani nous explique que les personnes d’origines culturelles différentes peuvent avoir un avantage concurrentiel à développer une entreprise s’adressant spécifiquement aux besoins de leur communauté culturelle : la langue et la compréhension de leur culture. Pour lui, il est donc essentiel de s’attarder à la compréhension du marché ciblé et à l’évaluation de celui-ci dans le projet de développement de l’entreprise.

Finalement, étant donné que les entrepreneurs immigrants n’ont pas nécessairement développé leur réseau de contact local, M. Osmani avise que les intervenants les accompagnant auront tendance à devenir une ressource essentielle. Cette situation s’explique par le fait qu’ils ont réussi à créer un lien de confiance avec l’entrepreneur immigrant. Il faudra donc prendre en considération que ce dernier percevra son intervenant comme un certain baromètre culturel, ou conseiller principal, lorsqu’ils vivront des obstacles dans le développement de leur entreprise. Ils auront davantage besoin de valider leurs expériences terrain avec leur intervenant, contrairement à un natif, qui peux en discuter avec son réseau. C’est pourquoi M. Osmani suggère de créer des occasions de partages, de discussion et de réseautage avec d’autres entrepreneurs pour aider ceux-ci à développer des liens d’affaires et améliorer leur compréhension de la réalité culturelle et sociétale québécoise. Il termine en mentionnant qu’il ne faut pas avoir peur d’intervenir auprès d’un entrepreneur immigrant, puisque leur situation entrepreneuriale n’est pas si éloignée de celle de la majorité des entrepreneurs québécois. Il est aussi important de s’intéresser à eux, ils seront de plus en plus présents dans le futur économique québécois.