Des pratiques d’accueil et d’intégration de nouveaux arrivants en Montérégie

L’implantation d’un plan d’action pour mieux accueillir et intégrer les nouveaux arrivants est devenue une priorité dans les différentes régions du Québec tant pour les villes, les municipalités régionales de comté (MRC) que pour les organismes communautaires. Les actions mises de l’avant permettent aux régions de se démarquer par rapport aux autres milieux de vie en affirmant leur caractère identitaire distinct. Pour ce numéro du bulletin, nous avons répertorié les meilleures pratiques intégrées par quatre MRC de la Montérégie et celle de Brome-Missisquoi, voisine de la Montérégie.

La concertation du milieu, une culture gagnante

Lors des différentes rencontres avec les acteurs impliqués dans les municipalités régionales de comté, le mot concertation est au cœur du Plan d’action. Rassembler les acteurs de la région pour bonifier l’offre de services aux personnes immigrantes qui désirent s’installer dans la région, voilà la priorité absolue des MRC en Montérégie.

Si certains jouent un rôle sur le terrain, bon nombre de municipalités régionales de comté préfèrent faire appel aux organismes spécialisés en matière d’accueil et d’intégration des nouveaux arrivants. Il s’agit de l’une des actions les plus répandues en Montérégie.

Par exemple, la MRC Haut-Richelieu a décidé de mandater l’organisme l’Ancre afin d’agir sur plusieurs volets, dont l’accueil, l’intégration, la sensibilisation des acteurs par rapport à la réalité immigrante et l’accompagnement pour la recherche d’emploi des nouveaux arrivants. Grâce au financement pour la mise en place du Plan d’action, l’organisme a pu recourir aux services d’une médiatrice interculturelle, Roxanne Fyfe.

Depuis quelques mois, celle-ci est en charge notamment de former les acteurs du milieu. Elle y voit une occasion de sensibiliser élus municipaux, employés du Centre de services scolaire, acteurs du milieu entrepreneurial et tous les partenaires essentiels à l’accueil et l’intégration des personnes immigrantes. De cette façon, on change la perception des acteurs face à la réalité des nouveaux arrivants.

« La sensibilisation des acteurs favorise l’ouverture d’esprit, ce qui est un élément clé pour améliorer l’accueil des nouveaux arrivants. Comprendre la réalité de la personne qui arrive ici, ça augmente les chances d’une intégration réussie », d’expliquer Roxanne Fyfe, médiatrice interculturelle et formatrice pour l’Ancre.

La MRC Haut-Richelieu n’est toutefois pas la seule à miser sur la concertation

Pour la MRC des Maskoutains, cette pratique est implantée depuis déjà bon nombre d’années. Les intervenants comme la Maison de la Famille des Maskoutains, Saint-Hyacinthe Technopole, le Centre de services scolaire, les élus municipaux ainsi que plusieurs organismes communautaires qui répondent aux besoins des nouveaux arrivants viennent à se rencontrer plusieurs fois par année. Cette Table de concertation en immigration permet d’établir des balises claires pour faciliter l’accueil et l’intégration des personnes immigrantes qui ont choisi la région maskoutaine.

Jadis, le Forum 2020 était mandaté pour l’accueil et de l’intégration des nouveaux arrivants. Cette structure a été intégrée à l’organisation Saint-Hyacinthe Technopole. Mandaté par la Ville de Saint-Hyacinthe et la MRC des Maskoutains, l’organisme joue un rôle clé sur le terrain pour l’accueil, l’intégration et l’insertion en emploi des nouveaux arrivants.

Selon la chargée de projets de la MRC des Maskoutains Élyse Simard, cette approche fait une différence directe dans l’accueil des personnes immigrantes sur le territoire. La Table de concertation en immigration s’inscrit directement dans la vision du plan d’action.

Si le Plan d’action prévoit une période de trois ans, la MRC des Maskoutains est allée encore plus loin en rédigeant un plan stratégique sur une décennie.

La MRC des Maskoutains est allée encore plus loin avec un plan stratégique sur un horizon de 10 ans. Pour se conformer aux règles du PAC, ils sont actuellement à prioriser certaines actions pour les trois prochaines années. La Table de concertation demeure un élément clé de ce plan d’action.

Dans le même ordre d’idée, la MRC Pierre-de-Saurel a développé des partenariats stratégiques avec les acteurs du milieu communautaire. L’organisme Orienthèque agit principalement comme ressource pour faciliter l’insertion professionnelle des nouveaux arrivants dans les entreprises de la MRC Pierre-de-Saurel.

Embauché par la MRC Pierre-de-Saurel comme chargé de projets en immigration l’automne dernier, Sika Gautier Adomon fait la liaison avec les élus municipaux pour les sensibiliser à la réalité des nouveaux arrivants.

Cette collaboration a mené à un projet d’intégration de 20 personnes en soins infirmiers provenant de pays de l’Afrique francophone à l’Hôpital situé à Sorel-Tracy. La pénurie de travailleurs dans le milieu de la santé est un réel enjeu dans la région. Grâce à un partenariat entre le Centre intégré de santé et de services sociaux de la Montérégie-Est, du milieu de l’éducation, de la MRC et d’Orienthèque, quelques personnes ont été accueillies dès leur arrivée à l’aéroport. Orienthèque a trouvé les logements répondant aux besoins pour mieux intégrer ceux-ci.

Selon ce partenariat, ces 20 personnes devront suivre quelques cours au Cégep pour obtenir une reconnaissance des acquis. L’attestation d’études collégiales prévoit quelques mois de cours et une alternance travail-études. Durant les études, le Gouvernement du Québec verse une allocation de 500$ par semaine pour aider l’intégration.

La mobilité intrarégionale, un outil essentiel

Selon les experts consultés, l’accessibilité au transport en commun demeure un frein majeur pour une famille. Dans le processus décisionnel, la possibilité de se déplacer à faible coût pour faire ses achats, pour aller à l’école ou encore pour aller au travail se retrouve parmi les priorités des familles qui ont choisi le Québec pour s’y établir.

La MRC des Maskoutains et la MRC Pierre-de-Saurel a bien saisi cette réalité. Un service de navettes qui fait la liaison entre les villages et la ville-centre qu’est Saint-Hyacinthe permet à bon nombre de nouveaux arrivants de trouver un logement abordable et ainsi avoir accès à un transport qui leur permet d’aller travailler dans un pôle d’emploi.

L’inverse est aussi vrai. Il est possible pour un père de famille établi à Saint-Hyacinthe de prendre la navette pour aller travailler dans un pôle d’emploi comme celui d’Olymel à Saint-Damase.

Avec un service d’autobus dans la ville-centre comme à Saint-Hyacinthe, un service de navettes dirigé par la MRC pour faire la liaison entre les municipalités et la ville-centre ainsi que le service EXO qui fait la liaison entre Saint-Hyacinthe et la région métropolitaine, les nouveaux arrivants peuvent facilement transiter et se déplacer à faible coût. Investir dans la mobilité devient donc une action concrète pour se différencier des autres MRC.

Cette pratique n’est pas unique à Saint-Hyacinthe, puisque la MRC Pierre-de-Saurel a développé le même modèle. De cette façon, une famille de nouveaux arrivants établie à Yamaska peut prendre la navette qui se rend jusqu’à Sorel-Tracy. Un étudiant universitaire peut facilement prendre le transport interrégional et ainsi se rendre jusqu’au métro Longueuil.

Miser sur les particularités du milieu de vie

La MRC Brome-Missisquoi qui partage les limites de la Montérégie mise énormément sur les attraits touristiques. Selon le maire de Farnham Patrick Melchior, la MRC profite de ces atouts qualitatifs comme la beauté des paysages, le plein air, la qualité de vie, les pôles d’emplois ainsi que les différentes activités liées avec la montagne de Bromont pour attirer les nouveaux arrivants.

La MRC d’Acton a adopté une approche similaire. Selon Caroline Raymond, personne mandatée de mettre sur pied le plan d’action en accueil et intégration des nouveaux arrivants pour la MRC d’Acton, l’une des actions est de miser sur la ruralité du milieu. La possibilité d’avoir accès à un milieu de vie tranquille et paisible peut être fort attractive pour certaines personnes issues de l’immigration.

Mettre à contribution le milieu entrepreneurial

La collaboration entre les élus municipaux et les entreprises locales se veut aussi un outil majeur dans l’élaboration de la stratégie d’accueil et d’intégration des nouveaux arrivants pour une MRC. Par exemple, le maire de Farnham a abordé l’exemple de Gelpac, une entreprise spécialisée dans les sacs et le polyéthylène, qui a organisé une fête avec un repas thématique préparé par de nouveaux arrivants. Un repas avec des spécialités locales haïtiennes, puis colombiennes. Ce partage de la culture culinaire dans un cadre événementiel favorise l’intégration.

Le maire de Farnham a lui-même organisé un barbecue thématique avec l’équipe de Solidarité Ethnique Régionale de Yamaska (SERY).

Certaines entreprises ont des ambassadeurs à l’interne. Ces personnes agissent comme ressources pour les nouveaux arrivants embauchés récemment. Par exemple, l’entreprise Lassonde basée à Rougemont en Montérégie nomme une ressource pour chaque quart de travail. Les nouveaux arrivants peuvent se référer à cette personne en tout temps durant le travail. Cette pratique joue un rôle sur l’inclusion et l’intégration des personnes immigrantes dans leur lieu de travail.

Plusieurs entreprises du secteur agricole dans la MRC des Maskoutains ont adopté cette pratique également. Une personne maîtrisant le français et l’espagnol agit à titre de personne-ressource au sein de l’entreprise. Cela favorise les échanges avec les nouveaux arrivants et ainsi améliore l’intégration de ceux-ci.

Conclusion

En conclusion, l’adoption d’un Plan d’action en accueil et intégration des nouveaux arrivants se veut avant tout un outil crucial pour les municipalités régionales de comté en Montérégie, mais aussi partout dans la Belle Province. Les actions mises de l’avant dans ces plans permettront aux MRC d’être plus attractives auprès des personnes immigrantes qui ont choisi le Québec pour s’y établir.